Au Mali, de nombreuses interrogations persistent au lendemain des attaques à Bamako
L’état-major de l’armée malienne a reconnu « quelques pertes en vies humaines », tandis que les djihadistes affirment avoir fait des centaines de morts et de blessés dans les rangs adverses, dont des membres du groupe russe Wagner.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a fermement condamné, mercredi 18 septembre, les attaques djihadistes menées la veille à Bamako, au Mali, où un calme tendu régnait et où persistent de nombreuses interrogations.
L’une d’elles porte sur le nombre de personnes tuées dans cette opération revendiquée par des djihadistes affiliés à Al-Qaïda, inédite depuis des années dans la capitale malienne, alors que d’autres régions sont en butte à des attaques quasi quotidiennes. Une autre interrogation concerne l’étendue des dégâts de ces actes de guerre savamment préparés, qui ont vu les djihadistes prendre temporairement le contrôle d’une partie de l’aéroport et qui portent un rude coup à l’argumentaire de la junte au pouvoir.
L’état-major a reconnu mardi soir « quelques pertes en vies humaines », notamment des élèves gendarmes tués dans l’assaut de l’école de gendarmerie – l’une des cibles avec l’aéroport militaire qui jouxte l’aéroport civil. L’attaque a été repoussée, les assaillants « neutralisés » et la situation « rapidement maîtrisée », a-t-il dit. D’autres sources font état de morts beaucoup plus nombreuses. Malgré les assurances officielles, les tirs ont résonné une bonne partie de la journée mardi.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), qui a revendiqué l’opération, a diffusé des vidéos de ses combattants déambulant dans le pavillon présidentiel de l’aéroport et incendiant un appareil de la flotte officielle. Les autorités n’ont pas infirmé ou confirmé que l’avion du chef de la junte lui-même, le colonel Assimi Goïta, aurait été touché.
Alors que le mode opératoire reste à déterminer, le GSIM a rapporté via ses canaux de communication que quelques dizaines de ses hommes avaient fait des centaines de morts et de blessés dans les rangs adverses, dont des membres du groupe russe Wagner, allié du régime militaire de Bamako. Selon le groupe djihadiste, ses combattants ont détruit complètement six avions militaires, dont un drone, en ont endommagé quatre autres et ont mis hors d’état de nombreux véhicules.
Reprise des vols
Mercredi, les commerces ont commencé à rouvrir aux alentours du camp de la gendarmerie. La route principale qui passe devant le camp est restée coupée à la circulation et des policiers armés la surveillent. Aucun dégât n’est visible, depuis l’extérieur, à l’intérieur du camp. Le ministère des transports a annoncé, mardi après-midi, la reprise des vols à l’aéroport international Modibo-Keïta.
La Cedeao, avec laquelle le Mali a rompu en janvier – en même temps que ses voisins burkinabé et nigérien –, a exprimé dans un communiqué sa « ferme condamnation » des attaques. Les trois pays sahéliens, confrontés à des problématiques communes et dirigés par des militaires à la suite de putschs successifs depuis 2020, accusent la Cedeao de ne pas les avoir soutenus face au djihadisme et d’être inféodée à l’ancienne puissance coloniale française.
Les attaques de mardi ont eu lieu le lendemain du premier anniversaire de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qu’ils ont fondée. Dimanche, le chef de la junte malienne assurait que cette alliance avait affaibli « considérablement les groupes armés terroristes ». Avec les attaques audacieuses de mardi, le GSIM entend faire au contraire la démonstration qu’il frappe où il veut. Les dégâts infligés mettent à mal les assurances du régime, qui affirme avoir, après des années de descente aux enfers, inversé la tendance grâce de multiples actes de rupture et la préférence accordée à de nouveaux partenaires, dont la Russie.