[Tendance] Cosmétiques: Les produits africains ont la cote
Depuis quelques temps, de plus en plus de sénégalais proposent des marques de cosmétique africaines. Des gammes corporelles aux gammes capillaires, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. La plupart de ces produits sont faits à base de plantes qui poussent dans le pays.
Chouette Mama Trésor d’Afrique est une marque cosmétique africaine. Créée en 2007 par un français, elle a été rachetée en 2020 par des Sénégalais qu’on appelle les frères Diaw. Ce sont des produits basés sur la richesse des terres africaines, selon la vendeuse Oumou. «Nos produits sont faits à base de Karité, gombo, bissap, graines de baobab, argile verte…Ce sont des produits 100 % naturels. Le karité est notre principale matière première car il est nourrissant et régénère la peau», explique-t-elle. Selon Oumou, Chouette Mama a des gammes corporelles pouvant être utilisées aussi bien par les hommes que les femmes et des gammes capillaires. «Nos produits sont utilisables par les deux genres. Malheureusement, ils sont plus connus sur le plan international. Ce sont les Européens qui en achètent le plus. Il y a très peu de Sénégalais qui connaissent nos produits mais ceux qui l’achètent une fois reviennent car voyant eux-mêmes la qualité», raconte Oumou qui pense que c’est dû au fait qu’ils sont implantés dans des lieux stratégiques où les touristes passent le plus souvent. «Nos produits sont exposés dans les aéroports, les gares, les pharmacies pour ne citer que ces sites. Nous respectons les normes cosmétiques européennes et sommes certifiés. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’Européens utilisent nos produits car tout est fait dans les règles», se réjouit-elle.
Oumou estime que les Sénégalais devraient plus se tourner vers les marques africaines car elles sont plus compatibles avec leur peau. «Nos produits n’ont pas de parfum. On utilise juste des huiles essentielles parce que tout ce qui est parfum est chimique», explique-t-elle.
«Les produits corporels de Chouette Mama sont composés de lait fait à base de gombo, c’est hydratant et anti âge, un lait fait à base de baobab, il est réparateur, un sérum pour l’élasticité du visage, une crème de visage pour les personnes qui ont souvent des boutons, des cernes, des rides etc. Nous proposons 6 différents savons selon le besoin et les problèmes de peau du client», explique la responsable clientèle.
Produits adaptés
Parallèlement, Magic Hair Love exerce dans le même domaine. Docteur en médecine et en troisième année de spécialisation en dermatologie, la fondatrice Yaye Fatou Ba explique que la création de sa marque est née d’un besoin personnel. «Nous africaines avons de beaux cheveux mais le problème est que nos cheveux sont fragiles. Ils se cassent vite et ont besoin de soin. Sur le marché, je trouvais toujours des produits qui n’étaient pas adaptés à mon type de cheveux. C’est de là que m’est venue l’idée de créer ma propre gamme de produits capillaires», raconte Yaye Fatou.
D’après elle, il n’y a pas de produits chimiques dans ses produits, ce qui fait que tout le monde peut les utiliser. Les produits de Magic Hair Love sont pour la plupart composés de cacao, karité, vitamine, des extraits de papaye, et de céleri. “On fait du handmade c’est-à-dire que nous n’utilisons pas de machine pour la production. Tout est fait à la main avec le plus grand des soins commençant par la production jusqu’à la mise en pot et à l’étiquetage”, renseigne-t-elle. Cela prend du temps mais nous sommes sûrs de la qualité de nos produits et du dosage exact des ingrédients».
Il existe aussi Magic Skin Love, une marque de produits corporels. «En ce qui concerne les produits pour le corps, nous nous sommes plus concentrés sur les peaux à tendance acnéiques car c’est le problème de beaucoup de nos clients, hommes comme femmes c’est pourquoi notre best seller est le savon nettoyant», glisse-t-elle.
Concurrence rude sur le marché
Toutefois, il y a beaucoup de gammes cosmétiques qui émergent. Les jeunes africains en particulier les Sénégalais sont maintenant conscients de cela, remarque la jeune entrepreneuse. «A mes débuts en 2017, on n’était pas nombreux à faire des produits de cosmétique africains et à y croire. Maintenant, les jeunes africains se réveillent et prennent conscience du fait qu’on est capables de faire des choses qui nous sont propres car personne ne connaît mieux que nous les besoins de notre peau et de nos cheveux», indique-t-elle.
Cela n’empêche pas à Yaye Fatou de savoir que pour sortir du lot, il faut s’armer de courage. «J’ai déjà fidélisé ma clientèle mais le challenge que je me suis lancé c’est de me faire de nouveaux clients et d’être leader du marché et pour ce faire, il me faut innover, être toujours à la quête du savoir et surtout communiquer», explique -t-elle. Elle a déposé une demande de certification au niveau de la direction du commerce intérieur.
«Les produits de cosmétiques africains m’ont sauvée»
Il y a quelques années, Mada Diagne, complexée par son teint foncé, a commencé à utiliser les produits dépigmentants. Se sentant belle et recueillant une multitude de compliments, elle a décidé d’augmenter les doses. Elle utilisait deux différents laits de corps, y ajoutait des huiles, des tubes…Au bout de quelques semaines, la jeune femme de 27 ans commence à remarquer des vergetures, des brulures, un teint difforme et d’autres complications. Son complexe d’antan refait surface en pire. «Je n’osais plus sortir de chez moi. J’ai même arrêté d’aller au boulot et mon mari s’éloignait de moi. C’est ainsi que j’ai décidé d’arrêter la dépigmentation», se rappelle-t-elle.
Pour se défaire de son complexe, elle a commencé à faire des recherches sur les produits réparateurs et c’est là qu’elle est tombée sur une marque de produits africains qui proposait ces services «Je les ai contactés et ils m’ont donnée rendez-vous. Quand je m’y suis rendue, ils ont commencé mon traitement avec des produits bio. Au bout de quelque temps, j’ai retrouvé ma peau. Elle est plus éclatante et je n’ai plus besoin de me cacher du monde», révèle Mada qui demande aux femmes d’arrêter de se décaper la peau et de privilégier les produits naturels. «Les femmes doivent savoir que la dépigmentation détruit notre peau. Sincèrement, je regrette de l’avoir essayé. Préservons la noirceur de notre peau et utilisons les produits 100% africains car ils sont naturels», suggère-t-elle.